Chaque mois, nous évaluerons une préconisation issue du livre Rework
Ces dernières années, la remise en cause des modèles économiques et des positions établies (dans l’hôtellerie, les transports, etc.) a été le fait d’outsiders. Et c’est notamment grâce à de nouveaux modes d’organisation et de management (méthodes agile, hiérarchie moins pyramidale, etc.) que des startups ont pu mettre en œuvre des stratégies de rupture. L’enjeu est ensuite de conserver cet état d’esprit alors qu’elles changent d’échelle.
Cette approche s’est progressivement diffusée à l’ensemble de l’économie… pour le meilleur et pour le pire !
On en perçoit désormais les limites. On reproche aux acteurs établis de n’en retenir que les aspects les plus superficiels. Et sur un ton plus sarcastique, on trouve tout simplement qu’on en fait trop !
Alors, prenons du recul, mais gardons-nous de tomber dans l’excès inverse ! Nous proposons une approche équilibrée : reconnaissons les apports et identifions les limites de ces méthodes. Au cas par cas.
Le livre Rework propose de « bousculer les principes les plus communément admis sur la gestion d’une entreprise ».
Nous évaluerons donc des préconisations qui en sont issues : « pass » or « fail » ?
Idée n°1 : “Apprendre de ses erreurs : une idée surfaite”
Alors que de nombreuses voix promeuvent l’acceptation et même la réhabilitation de l’échec, les auteurs de Rework y voient une idée surfaite. A rebours de l’opinion commune, ils ne considèrent pas que l’échec soit un moment où l’on « apprend de ses erreurs ». D’abord parce qu’il s’agirait d’un apprentissage « en négatif » : on sait ce qui ne marche pas, mais on n’a toujours pas trouvé ce qui fonctionne. Certes.
De manière plus convaincante, ils mettent en évidence la charge émotionnelle liée à l’échec. Celle-ci va inhiber ce processus d’apprentissage et biaiser les enseignements tirés.
L’objectif d’évènements comme la Failcon ou des témoignages d’entrepreneurs (voir par exemple Grandeurs et misères des stars du Net) est justement de dédramatiser ce moment.
Mais tout comme il ne faut pas stigmatiser ceux qui échouent, sous-estimer ce que l’échec contient de destructeur serait un écueil.
Certains témoignages présentent un peu trop souvent des demi-échecs, montés en épingle et aux conséquences somme toute limitées. Sans oublier la figure imposée du happy-ending / happy-rebond. Ceux qui remontent la pente plus difficilement occupent moins le devant de la scène : on appelle cela le biais du survivant.
Ceci étant dit, celui qui échoue est avant tout celui qui a essayé. Un proverbe chinois nous dit qu’un imbécile qui marche ira toujours plus loin que deux intellectuels assis !
Les méthodes comme l’Agile ou l’Effectuation intègrent le risque inhérent à tout projet d’innovation en essayant d’en limiter les conséquences. On teste le marché rapidement pour en révéler les attentes. Pour ce faire, on conçoit des produits et services imparfaits, mais ainsi peu coûteux (Minimum Viable Product – MVP). D’où l’injonction : Fail fast !
Le MVP est moins un best-seller potentiel qu’un outil, qui permet progressivement de révéler la recette gagnante. On préfèrera alors : Fail fast… and then succeed !